Le 20 et 21 juin a eu lieu l’Université de l’Association Nationale des DRH à Montpellier et avait pour thème principal : l’Intelligence Artificielle. Qu’ont dit les DRH ? Quels enseignements avons-nous reçus de la part des intervenants ? Je vous dis tout dans cet article.

L’inquiétude croissante des DRH et l’opportunité de valoriser diverses formes d’intelligence
L’intelligence artificielle suscite une inquiétude croissante parmi les directeurs des ressources humaines quant à son impact sur le milieu professionnel. Et pour cause, elle transforme la manière dont les tâches sont effectuées, révèle des préoccupations légitimes sur l’automatisation des emplois et pousse à la redéfinition des rôles professionnels.
Pour autant, cette appréhension offre l’occasion de réévaluer et de valoriser un éventail plus large d’intelligences que celles traditionnellement privilégiées et vient mettre en lumière la palette de compétences humaines uniques.
Alors, dans un contexte où les enjeux sociétaux et technologiques sont de plus en plus complexes, il semble que nous soyons confrontés à un choix crucial : éviter les défis posés par l’IA ou les embrasser comme une opportunité de façonner un avenir où la technologie et l’humanité coexistent harmonieusement.
Et si la clé était la reconnaissance des intelligences oubliées ?
Redéfinir les compétences dans un monde transformé par l’IA
C’est vrai, l’IA excelle dans l’automatisation des tâches analytiques, répétitives et basées sur les données. Cependant, elle ne peut remplacer certaines compétences humaines essentielles comme l’empathie, la créativité, la prise de décision éthique, le bon sens et la capacité à naviguer dans les relations sociales complexes. Par conséquent, ces compétences deviennent de plus en plus précieuses à mesure que les aspects techniques du travail sont automatisés.

La théorie triarchique de l’intelligence, proposée par Robert Sternberg, est une approche qui élargit la compréhension de l’intelligence au-delà des mesures traditionnelles de QI (quotient intellectuel). Cette théorie se divise en trois composantes principales (analytique, créative/émotionnelle, pratique), ci-dessous, j’ai volontairement séparer la créativité des émotions, ce qui fait 4 types d’intelligences. Explorons-les.
Intelligence analytique (IA)
Également appelée composante ou élémentale, cette forme d’intelligence concerne la capacité à analyser, évaluer, juger, comparer et contraster l’information. Elle est souvent mesurée par les tests de QI et inclut les compétences académiques et la résolution de problèmes. Sur le marché du travail, les individus dotés d’une forte intelligence analytique sont érigés en modèle et peuvent être favorisés pour les postes nécessitant des compétences techniques ou académiques spécifiques. Cependant, les compétences créatives et pratiques sont également essentielles dans de nombreux domaines professionnels, en particulier dans les industries qui nécessitent l’innovation et l’adaptation à des environnements changeants. La reconnaissance limitée de ces compétences peut mener à une sous-utilisation des talents et à un manque d’innovation dans certains secteurs.
Les intelligences oubliées
Intelligence créative
La capacité à penser de manière innovante et à trouver des solutions originales est essentielle pour répondre aux défis nouveaux et complexes que pose l’IA. Comme l’a exprimé Albert Einstein, « La créativité est l’intelligence qui s’amuse. » Cultiver cette aptitude à penser de façon novatrice peut grandement contribuer à la progression de la société et à la résolution de problèmes cruciaux dans les organisations. Et puis, il est important de garder à l’esprit que l’innovation et la créativité jouent un rôle central dans le développement de l’intelligence artificielle et dans la manière dont elle peut être appliquée pour améliorer divers aspects de notre vie quotidienne.
« L’IA peut automatiser des procédures, mais elle ne peut pas imiter les compétences émotionnelles. » Daniel Goleman (psychologue et auteur de « L’intelligence émotionnelle »)
Intelligence émotionnelle et sociale
Je crois que ce n’est plus à prouver, les compétences en intelligence émotionnelle, telles que la gestion des émotions et l’empathie, ainsi que l’intelligence sociale, sont indispensables. Comme l’a souligné Daniel Goleman (psychologue et auteur de « L’intelligence émotionnelle ») : « ceux qui réussissent dans la vie ont appris à s’entendre avec les autres. » L’intelligence émotionnelle permet non seulement de comprendre et gérer ses propres émotions, mais aussi de percevoir et influencer les émotions des autres, améliorant ainsi les relations interpersonnelles. Et dans le milieu professionnel, apprendre à reconnaître et réguler les émotions peut conduire à une plus grande réussite professionnelle, car cela facilite la communication, la résolution de conflits et la prise de décisions collaboratives.

Personnellement, je suis convaincue que l’empathie, la capacité à se mettre à la place des autres et à comprendre leur point de vue, est un atout précieux tant dans l’environnement professionnel que dans la vie personnelle. Et heureusement, la prise de conscience de soi et des autres, ainsi que la capacité à établir des relations positives, sont des compétences qui trouvent de plus en plus de reconnaissance dans le monde d’aujourd’hui.
Intelligence éthique et du bon sens
Aussi connue sous le nom d’intelligence contextuelle, elle se rapporte à la capacité à adapter à l’environnement réel et à appliquer ses connaissances pour résoudre des problèmes quotidiens. Elle inclut la capacité à s’adapter à de nouvelles situations (adaptation), à façonner l’environnement (modelage) et à sélectionner de nouveaux environnements (sélection).
En effet, dans un monde de plus en plus complexe et interconnecté, où les avancées technologiques se multiplient à un rythme rapide, il est crucial de reconnaître que l’intervention humaine demeure essentielle pour certaines prises de décision. Même si l’intelligence artificielle est capable d’effectuer des analyses approfondies, la dimension éthique et la capacité à exercer un jugement pratique restent des domaines où le rôle de l’humain est irremplaçable. Cette réalité met en lumière l’importance du bon sens et de la réflexion critique, des qualités déjà rares chez l’être humain, comme l’a souligné brillamment Voltaire dans sa citation « le bon sens n’est pas si commun« . Ainsi, dans un environnement en constante évolution, la combinaison de l’intelligence artificielle et du jugement humain demeure indispensable pour relever les défis complexes qui se présentent à nous.
« Les machines peuvent calculer des probabilités, mais elles ne peuvent pas prendre en compte des valeurs morales. »
Viktor Mayer-Schönberger (professeur à l’Université d’Oxford et auteur de « Big Data »)
Construire un futur basé sur la diversité des intelligences
Espérons que l’intégration équilibrée de l’IA et des compétences humaines diverses offre la possibilité de créer des environnements de travail et d’apprentissage plus inclusifs, respectueux et prospères. En valorisant toutes les formes d’intelligence, nous contribuons à une société où chaque individu se sent valorisé et où les différences sont célébrées. Finalement ce défi collectif nous invite à bâtir un avenir où la technologie soutient et enrichit notre humanité commune.
« L’intelligence artificielle est un outil extraordinaire, mais elle n’a pas d’émotions, de créativité ou de conscience morale. »
Max Tegmark (physicien et cofondateur du Future of Life Institute)

Sur TravailEcoute.com, nous prônons une approche plus holistique de l’intelligence, en valorisant également les intelligences créative, pratique et émotionnelle, essentielles pour un développement équilibré et une réussite globale.
😲 Faudra-t-il prendre soin des conditions de travail des robots ?!
En Corée du Sud, un robot fonctionnaire, s’est précipité dans un escalier fin juin 2024, soulevant des questions sur un possible épuisement et suicide.
Il aurait eu, les jours précédents un « comportement étrange ». 😦 Ce robot, qui monte les étages pour aider les résidents de la ville dans leurs tâches administratives, fait partie des 1000 robots pour 10 000 employés humains, la plus grande densité de robots au monde (contre 180 en France).
Ces robots ont-ils aussi besoin d’exprimer leur créativité, leur altruisme et leur bon sens au travail pour éviter l’épuisement ? 🤔
Une enquête est ouverte et la presse s’interroge…
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