Les témoignages, Vouloir remonter la pente

« C’est aux victimes qu’on dit de faire un effort »

Temps de lecture: 2 min 53 s

Bonjour ! Alors voilà mon histoire. Bien sûr dans tous les cas sous couvert d’anonymat 😊 car aujourd’hui encore j’ai une appréhension : l’entreprise pourrait-elle me poursuivre si je parle de mon expérience, même si je ne l’a nomme pas. Pour dire l’effet qu’ils m’ont fait.

J’avais changé de boîte et avais trouvé ce poste, intéressant, challengeant. J’étais motivée et donnais beaucoup dans le travail. C’est bien moi ça. Et les résultats ont toujours été au rendez-vous.

Et puis mon responsable, j’ai compris qu’il était particulier, pas forcément très apprécié et il jugeait beaucoup les autres services. Il s’estimait toujours mieux. Au début je ne comprenais pas trop. On était 3 puis 4 dans son équipe et l’une des personnes était comme lui, avide de pouvoir et en quête perpétuelle de reconnaissance finalement, avec la fâcheuse habitude de blesser l’autre pour se sentir mieux, d’une manière ou d’une autre, qu’on le remarque, ou à peine. Celle-ci était aigrie et manipulatrice. Ils s’entendaient bien. Voilà pour le décor.



Au début j’étais manipulée, et ne voyais pas que ma collègue était visée. Elle a été en arrêt pour quelques mois. Et elle est revenue. Par la suite elle a dû subir une opération à cause du stress. Et les choses ont changées vis à vis d’elle, en mieux : l’acharnement était moins sur elle. En fait, il y avait toujours des remarques pour 3 d’entre nous, pas pour l’autre acolyte.

De ce responsable, j’avais droit à : « tu ne l’as pas encore fait ? Si tu n’es pas capable de le faire je le fait » ou encore « quoi le téléphone a sonné tu as toujours une bonne excuse » et ce quelques minutes à peine après avoir reçu un ordre. C’était des remarques cassantes, régulièrement. Du « chaud-froid » aussi parfois : un « bien joué », suivi quelques jours après, de remarques désagréables et injustifiées, qui cassent l’estime de soi. Et aussi, 2 ou 3 fois, des remarques désobligeantes sur mon poids.

Une fois, alors que ma mère avait été hospitalisée pendant des semaines entre la vie et la mort parfois, je me suis écroulée de fatigue ayant géré boulot, hôpital, ma famille… Au bout du rouleau, le médecin m’avait arrêté 10 jours, le temps de récupérer. Et c’est exactement ce qu’il me fallait. J’étais revenue en forme. Il m’a fait payer le fait d’avoir été en arrêt alors qu’il connaissait la situation. Et son acolyte nous a traité, mon autre collègue et moi, de dépressives (ironique quand on sait son histoire). Bref.

Un beau jour, après des années de piques constantes qu’on refoule, puisque c’est aux victimes qu’on dit de faire un effort, trop sensible, etc… Un beau jour les hostilités ont commencées sur moi.

En fait j’avais bossé mieux que lui et avait été plus appréciée pendant son absence (le drh lui-même l’a mentionné, très conscient des choses). Et là, lamination subtile et profonde. Jusqu’à me prendre une partie de mon travail sans explication. Jusqu’à me dénigrer à mon entretien annuel. Une augmentation ? Je n’y aurais jamais eu droit alors même que le drh était OK. Puisque je ne pouvais pas demander par la voix officielle avec ce tyran. Cassage après cassage j’ai craqué. 6 semaines à la maison. Puis je suis revenue. De mes collègues, conscients, j’avais de la compassion, mais surtout une certaine impression de « qu’est-ce qu’on peut faire ? ». En fait au début on me disait de laisser glisser les remarques, de ne pas le prendre pour moi… Comme si j’étais la responsable de mon état. Alors que j’avais signalé le problème. Et ensuite, ironie, on me renvoyait de l’impuissance. Je trouve personnellement que ça illustre bien ces situations de harcèlement.

Entre temps, il avait été montré dans la boite qu’il est ignoble voudrais-je dire, mais c’est mon émotion qui parle. En tout cas, son jeu était « montré du doigt ». Pourtant, rien n’avait changé. Pire : tournait la chose comme quoi c’est moi qui aurait dû lui dire qu’il va trop loin, ou faire quelque chose… Le monde à l’envers, un comportement de victime de sa part.

J’ai tenu le coup ayant une piste pour un nouvel emploi. Malheureusement le covid est arrivé, angoisses, et surtout cette opportunité s’est envolée. Le coup de grâce : une coach qui avait été embauchée pour qu’il travaille sur lui, mais : il avait décrété que son équipe devait avoir une formation avec elle (encore une fois il retournait les choses) et là, l’horreur. Il s’est mis à parler à un moment donné, disant qu’à une époque, il y a longtemps, il était piquant, contre les faibles. Mais plus aujourd’hui il avait évolué. Il fallait être spirituel, et avancer…

La coach buvait littéralement ses paroles. Totalement sous sa manipulation.

Il se persuadait tellement d’être une victime qu’il en tort sa réalité et paraît être la belle personne.

Dans mon ventre ça s’est tordu en une terreur. Si je restais là, j’en mourrais. Instinct primaire pour me faire réagir enfin… Je me suis promis de ne plus jamais y remettre les pieds. Après quelques mois d’arrêt (et oui c’était une rechute, plus longue pour en guérir,) je demandais la rupture conventionnelle. Depuis être partie de cette boîte je me sens revivre, heureuse et à ma place. Je travaille sur moi pour en faire la meilleure opportunité de ma vie. Et je me réoriente pour aider les personnes à être mieux dans leur vie, et pour amener ce point de vu, plus humain, aux entreprises. Je souhaite aujourd’hui être coach de vie et en entreprise, et faire ma part pour que ces comportements changent enfin.

Il est fini ce temps. L’humain doit être remis à sa juste place.

Voilà c’est un résumé vous imaginez bien… Mais j’ai essayé de mettre l’essentiel.

Merci pour cette opportunité de pouvoir m’exprimer.

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